District 2, il y a dix ans. Saphrina, l’orpheline sauvage « Pourquoi t’as pas de parents ? » S’exclama une jeune blondinette d’une candeur qui pourrait être toute attendrissante en relâchant la main de sa camarade. Aussi brune qu’elle était blonde, l’intéressée darda l’enfant d’un regard assassin qui dénotait totalement avec l’innocence de la question posée avant de répondre, sifflante, tel un serpent en colère : « C’est comme ça, c’est tout. » Le sujet était délicat, mais elle n’avait surement pas dû être assez claire aux yeux de la jeune fille qui tapa du pied comme lorsque ses parents ne cédaient pas à ses caprices : « T’as pas été assez gentille c’est ça ? T’as été punie ? » Roulant des yeux, la brune serra la prise de sa main sur le poignet de sa camarade elle grogna, presque animale : « Tais-toi. Juste, tais-toi ! Ou alors, je te jure que je te le fais regretter. » Et malheureusement, elle ne plaisantais pas. Saphrina n’avait jamais été très patiente avec les autres, elle les trouvait trop niais, elle n’aimait pas les hommes, ni les hommes ni les femmes, pas peine les enfants. Trop habituée à sa forêt, aux arbres et aux animaux, elle savait bien que si l’enfant continuait, elle ne se contenterait pas de la secouer. Une femme à la fois instable et mature coincée dans un corps d’enfant, la conscience animale enfermée sous des airs de reine elle s’est toujours sentie en décalage. Obligée de se débrouiller toute seule du plus loin qu’elle s’en souvienne elle se dit parfois heureuse victime d’un miracle. A peine sortie de l’enfance elle a l’impression d’avoir vécu des siècles. Le temps passe différemment dans les forêts de Panem, c’est comme si tout s’arrêtait à partir du moment où l’extérieur n’a plus prise sur la nature, c’était sa maison, elle s’y sentait bien malgré tout… Malgré le fait qu’elle ne se souvienne pas comment elle y était arrivée, malgré le fait qu’elle savait bien que ce n’était pas normal, malgré le fait que parfois, elle aurait préféré avoir des parents, une famille, avoir un nom et savoir qui elle était. Mais ce n’était pas le cas, les moments de regret étaient très rares, elle avait la liberté,  et c’était ce qui lui convenait après tout.

District 11, il y a cinq ans, Jude la bête amoureuse Des larmes perlaient au coin des yeux de la jeune femme alors qu’elle plongeait son regard dans la voute céleste et ses millions de diamants scintillants. Elle avait l’impression d’étouffer, et l’observation des étoiles lui permettait de s’évader. « Reste avec moi Judie… Je te promets que tout ira bien… » Murmura l’homme à ses côtés en tentant de croiser son regard. L’évitant, la gorge serrée, Saphrina continue de marcher, s’enfonçant le plus possible dans la forêt pour éviter les plaintes de son cœur fatigué. Si elle n’a jamais eu peur des bêtes sauvages ou des glaciales nuits de l’hiver, le regard perçant de cet homme la faisait frissonner. Elle n’arrivait pas à savoir pour quelle raison son palpitant s’emballait lorsqu’il posait ses yeux sombres sur sa peau d’ivoire et pour la première fois, elle ressentait la peur s’infiltrer dans ses veines, comme un sombre poison qui brule tout sur son passage. « Je ne peux pas rester… Tu le sais… » Dit-elle doucement, voulant s’en persuader en même temps que lui. Ecartelée entre les deux moitiés de son être elle a l’impression de perdre l’équilibre et de laisser champ libre à ses démons.  Une partie de son être lui hurle d’abandonner, de s’échapper comme elle l’avait toujours fais, l’autre partie, susurre d’une voix entêtante qu’il est la meilleure chose qui ne lui soit jamais arrivée. Elle résiste, persiste à s’en détacher, pour se protéger de tout ce qui pourrait lui arriver… « Regarde-moi Jude ! » S’exclama-t-il soudain attrapant le bras de la brune avec force, l’obligeant à se rapprocher de lui. Laissant échapper un grognement lorsqu’elle se retrouva collée à lui, à la fois sauvage et enivrée par la proximité qui les liait. Déposant ses lèvres sur les siennes, l’homme la serra contre lui du mieux qu’il le pouvait, tentant d’annihiler la soif de liberté de celle qui se plaisait à appeler sa colombe. Pourtant, il n’était pas dupe, il savait très bien que la colombe se sentait à l’étroit dans sa cage. Mais il espérait encore la voir rester. Il avait été prévenu, quand il avait vu la jeune femme arriver quelques mois auparavant, venue de nulle part, sans bagages ni attaches, mais il avait pensé la changer… Arriver non pas à lui briser les ailes mais à apprivoiser l’animal qui l’avait charmé dès le premier jour. « Il faut que j’y aille… » Laissa-t-elle échapper, se dégageant de son étreinte avec une douceur qui lui était inconnue jusqu’à présent. Déposant un léger baiser, comme un baiser d’adieu, sur les lèvres de son amant elle s’enfonça, seule, au fin fond de la forêt, loin de tout, loin de lui.

District 7, quelques semaines auparavant, le serpent Elle porte un long manteau noir dont la capuche, remontée, lui permet de cacher son visage. Elle sait qu’il est plus prudent que personne ne connaisse son identité, pour elle, comme pour ceux qui quémande ses talents, parfois à corps et à cris… Cela fait désormais partie de sa vie. Le prix à payer pour pouvoir s’évader le temps de quelques dangereuses minutes. Elle appréciait se travail, et il fallait avouer qu’elle se sentait bien plus utile désormais que lorsqu’elle vendait ses prises aux marchés noirs des districts qu’elle traversait… A cette appellation, elle frissonne, le marché noir des années précédentes n’était rien à côté de celui qui commençait, malgré tout, à se mettre en place au sein du district sept. Tout était plus facile avant, même l’illégalité… Elle aussi avait pris en grade, dorénavant passeuse, et pas des moindre, elle est l’un des plus sûr moyen de quitter le district désormais, mais, ce n’est pas sans prix. Croqueuse de diamants, elle qui a toujours regretté d’être née dans la pauvreté, et non dans l’abondance du capitole, elle monnaie ses services à prix d’or, afin de vivre plus décemment, afin de mettre fin aux plaintes de son esprit, de l’embrumer avec tout ce qu’elle pouvait s’offrir pour oublier sa douleur. Lancinante douleur au cœur de sa poitrine qui l’empêche parfois de respirer, elle n’arrive pas à mettre le doigt sur la raison de son mal-être. Sans dire un mot, elle guide les citoyens du district au-delà des frontières, elle n’est pas bavarde, et ses ordres sont sifflants, c’est de là qu’elle tient son surnom de serpent. En raison de cela et de ses yeux qui brillent telles les prunelles du reptile dans l’obscurité de la forêt.

Ce que je pense de la révolte des Jours Sombres : Trop de vies gâchées, pour une bonne cause mais tout le monde savait bien, au fond de lui, que ce n'était qu'une perte de temps, d'énergie, et de vies. Tout le monde a perdu un proche pendant cette révolte, tout le monde a dans le cœur le souvenir amer d'une âme révolutionnaire tombée au combat. Et même elle, qui se plait à dire qu'elle ne se laisse toucher par aucune relation humaine, a souffert de ce conflit. Elle regrette tout ce qu'il s'est passé, en veut au monde entier, autant à un camp qu'à l'autre car l'action de chacun lui a retiré sa liberté. Elle n'a pas pris part au combat, se terrant dans sa tanière, restant sourde aux cris et aux effusions de sang, elle n'est pas lâche, loin de là, mais elle est réaliste, et elle ne voulait pas que sa tête rejoigne toutes les autres, tombées aux combat.
Ce que je pense de notre époque, de Panem et du Capitole: Tout était bien mieux avant la révolte, elle regrette amèrement cette époque, bien que difficile, durant laquelle elle pouvait voyager comme bon lui semblait, désormais, elle est comme un lion en cage, obligée de côtoyer les mêmes personnes, de s'attacher aux mêmes paysages et aux mêmes visages, ce n'est pas elle, elle ne le supporte pas. Mais elle ne le montre pas, à la place, elle trouve des moyens de s'évader, son travail lui permet de ne pas rester inactive, il a son lot de surprises et d'avantages. Elle sait que c'est dangereux, que le capitole la punirait sévèrement, et de la pire des manières si jamais ils lui mettaient la main dessus, mais, cela lui est égal, elle vit, c'est la seule manière possible pour elle.
Ce que je pense des Hunger Games: Elle n'en a que faire, tant que son nom n'est pas pioché. Elle n'a personne pour qui s'inquiéter, et même si elle trouve cette manière de soumettre les district plus que barbare, elle ne dira rien, ce n'est pas son problème, chacun récolte ce qu'il sème, elle ne souhaite pas récolter la discorde que certains se délectent de disséminer dans tout Panem, toute révolte est inutile, ils devraient le savoir avec tous les morts qui croupissent au fond des fosses communes... Mais non, il  y en a encore qui espèrent, ce ne sont que des imbéciles... Elle est sûre que cela n'apportera rien de bon à personne de se soulever contre le nouveau jouet du capitole, alors, elle subit.