Debout devant la baie vitrée adjaçante à mon bureau, je suis plongée dans mes pensées. Je pense à Léandre, à tout ce qu'implique nos rapports, à ses demandes osées et presque impolies... Je pense que je devrais tout arrêter. Mes prunelles fixent le district huit qui s'offre à moi, et le mal du "pays" se fait ressentir. Le Capitole me manque... Et ce qui me manque encore davantage, c'est d'y retourner pour bénéficier des dernières collections des stylistes du Capitole. Je soupire et me retourne, prête à retourner diriger D'Sigual d'une main de fer.
Cependant, c'était sans compter sur la ribambelle d'une vingtaine d'enfants qui pénètrent dans mon bureau, sous mes yeux éberlués.
« Teresa... ? Teresa ? Teresa ?! » Je hurle. L'assistante arrive, déboussolée. « Que font ces... Ces... »
- Enfants ?
- Oui, ces enfants ! Que font-ils dans mon bureau ?! » Ils me donnent des poussées d'urticaire.
- Mais, Madame... C'est la journée des enfants aujourd'hui, qu'elle me dit, comme si je devais comprendre là où elle voulait en venir. « Ils viennent voir les métiers des habitants du district pour choisir ensuite le métier qu'ils aimeraient faire. »
Je soupire, la mine déconfite. Je n'ai pas du tout la tête à m'occuper de mioches aujourd'hui... Alors d'accord, je ferai ce que l'on me demande, mais en l'expédiant. De toute façon, lorsque l'on est au sommet de la chaîne alimentaire comme moi, ça fait rêver tout un chacun... Et je ne vois pas pourquoi ils préféreraient être couturiers que Cyan Dell'Ombrae. Voyons...
« Bonjour les enfants, je dis, un sourire de circonstance sur la face. Il n'y a qu'une petite fille qui ait une place dans mon coeur, et je ne peux plus la voir à cause de cette stupide rébellion. Je dois me mordre la lèvre pour ne pas balancer toutes une série de jurons. « Avant toute chose, pour que vous compreniez bien, je vais vous raconter comment je suis arrivée ici... D'accord ? »
Ils hôchent la tête, déjà fascinés par ma divine personne. Ô comme je les comprends... Je serais aussi admirative si j'étais à leur place.
Je leur fait signe de s'asseoir à même la moquette - au prix exhorbitant qu'ils n'ont pas intérêt à abîmer sous peine que je les dépeuce un par un - et m'installe dans mon confortable fauteuil pour commencer mon récit.



U.C

Ce que je pense de la révolte des Jours Sombres : Honnêtement... C'est de la pure connerie. Ils avaient tout ; tout ce qu'ils pouvaient exiger. A cause de leur entêtement et de leur envie d'avoir toujours plus, ils ont tout perdu. Après, vous me direz... Qu'est-ce que j'en sais ? Je n'ai toujours vécu qu'au Capitole. Ca ne fait que deux ans que je suis au District Huit. Mais justement ! Si j'ai vécu au Capitole, j'ai bien vu la différence dans les districts. Et j'ai vu les différences engendrées par la révolte. Je n'ai plus aucun moyen de voir ma meilleure amie, Sveltana-Naya. Ils m'ont pourri la vie, avec leur incapacité à se satisfaire de ce qu'ils ont. Ils ne sont jamais contents...
Et puis franchement, je ne vois pas de quoi ils se plaignent. Je vis au District Huit, et si certains sont assez moches, avec des joues creuses et tout le toutim, ce n'est pas la mort ! Moi, en tout cas, je me débrouille très bien. Mais on me reproche souvent de ne pas voir plus loin que le bout de mon nez, donc...
Ce que je pense de notre époque, de Panem et du Capitole: Pourquoi cette question ? Je vois mal quelqu'un répondre que tout va mal et qu'il n'est pas satisfait : Le Capitole est incroyablement gentil, par rapport aux réactions auxquels il fait face. Panem ne me semble pas s'en sortir plus mal que ça, sauf lorsque ces goujats du District Huit s'en prennent à moi à cause des bijoux que je porte. On dirait qu'ils n'en ont jamais vu de leur vie ! Vous vous rendez compte ?! Mais qu'ils s'en achètent, et qu'ils ne touchent pas aux miens, voyons ! Pas de ma faute s'ils sont moins riches que moi... Pfff.
Non, mais vraiment. Je ne suis pas très vieille, et j'aimais assez Panem avant les Jours Sombres. Mais pour moi, à part un léger inconfort dû à l'interdiction de quitter son district, rien n'a changé et nous aurions pu avoir un président bien pire. Je suis satisfaire de la situation.
Ce que je pense des Hunger Games: Boh... Rien de spécial. Je m'ennuie un peu dans le district huit, parfois, donc ça m'occupera je pense. Que les gens qui participent soient obligés à cause d'un papier et qu'ils aillent à une mort certaine ? Ca ne me touche pas le moins du monde. Ils méritent ce qui leur arrive. Si je ne peux plus retourner librement au Capitole pour m'acheter des chaussures, c'est de leur faute ! Alors qu'ils meurent, ces idiots ! Ils n'ont que ce qu'ils méritent.