Tout a commencé dans le district 5, il y a plus de vingt ans de cela. Une histoire d'amour, ou une histoire de coucherie entre cette femme pauvre et un électricien avide de douceur féminine. Elle tomba enceinte, et le père ne voulu pas en entendre parler, bien entendu. Se retrouvant seule et sans un sou, elle mit ses jumelles au monde dans la souffrance et la solitude. Mais Circeï était une femme forte, déterminée, et ce n'était pas deux bambins pleurnichards qui allaient l'empêcher de vivre sa vie. Elle n'aspirait à une chose: vivre bien, confortablement, dans une situation qui lui était due, et pas cette misère qu'elle devait subir au quotidien. Circeï aspirait à un confort de vie plus agréable, plus luxueux, et elle était prête à tout pour y parvenir. Quitte à abandonner l'une de ses filles. Une bouche en plus à nourrir, c'est déjà quelque chose. Deux, c'était du suicide. Abandonnant l'un des deux enfants à l'orphelinat, elle emmena l'autre avec elle et quitta le district, espérant faire meilleure fortune ailleurs. Ayant deux jumelles devant elle, le choix ce fit un peu au hasard, quant à savoir laquelle elle prendrait à ses côtés. Le destin choisit de faire pleurer l'une des gamines à plein poumon à ce moment là, et ce fut celle qui était restée calme qui fut l'heureuse élue. C'est dans le district 7 que cette femme égoïste et ambitieuse rencontra non pas l'amour, mais la chance de sa vie. Un homme, jouissant d'une situation aisée pour le district dans lequel il se trouvait, tomba littéralement sous le charme de cette femme si belle et enchanteresse. Veuf, un enfant de deux ans sous le bras, Jeremiah ne mit que peu de temps pour tomber fou amoureux, offrant tout ce qu'elle réclamait à l'élue de son coeur, l'acceptant telle qu'elle était, elle et son bébé. Quelques mois après son départ du district 5, Circeï était fiancée à l'un des hommes les plus prometteurs de la région. Ensemble, ils trouvèrent un prénom à la jumelle solitaire, qui fut passée pour la fille du jeune couple. La petite Joan devint du même coup la soeur d'Alec, son grand frère.
A partir de ce jour, Cerceï obtint ce qu'elle avait toujours voulu: de l'argent, une situation confortable, bien que le district 7 soit l'un des plus pauvres de Panem. Son mari étant à la tête de l'industrie du bois la plus importante de la région, elle n'avait plus de soucis à ce faire concernant ce qu'elle aurait le soir même dans son assiette. Elle se paya même le luxe d'engager une nounou, dépensant l'argent de son mari à tout va, sans se soucier des conséquences.
Joan eut une enfance assez simple, bien que tourmentée par les maladies récurrentes qui touchaient le district 7. Lors de grandes épidémies, ses parents l'obligeaient à rester enfermée avec son frère pour ne pas qu'elle attrape de microbe, ce qu'elle vivait très mal, tout en sachant que c'était pour son bien. Très rapidement, la jeune fille fut bouleversée devant la misère des habitants de son district, dégoûtée par sa mère qui préférait s'acheter de nouvelles robes plutôt que de donner un peu de pain au voisin affamé. Ses parents étaient rarement présents, son père bien trop pris par son travail, et sa mère, toujours absente pour des raisons dérisoires. Ce n'est que des années plus tard qu'elle découvrit ses nombreux amants cachés que cette femme orgueilleuse et superficielle collectionnait. Jamais Circeï n'avait câliné sa fille, jamais elle ne lui avait témoigné ne serait-ce qu'un peu de d'affection. Joan se mit en tête que cette femme qui lui servait de mère ne pensait qu'à elle, un point, c'est tout. Heureusement, il y avait Alec. Alec, si doux, si gentil. Si drôle aussi. Il était son pilier, son meilleur ami, son confident, son tout. Lui seul savait ce qu'il se cachait derrière sa carapace si froide et peu avenante qu'elle présentait aux gens, à quoi ressemblait son visage lorsqu'elle fondait en larmes dans ses bras. Ils faisaient tout ensemble, étaient inséparables. Sans lui, elle n'était rien.

Et puis les Jours Sombres sont arrivés. Le district fut massacré. Le gens tués, égorgé en pleine place publique. Seul son statut lui permit de s'en sortir. On ne touche pas à la fille du Maire, surtout si celui-ci se range aux ordre. Dégoûtée, voilà ce qu'elle était. Ecoeurée par sa propre famille, révoltée, et prête à en découdre. Si seulement elle n'était pas allée s'interposer, ce jour-là, pour sauver cet enfant du fouet.
Si seulement Alec n'était pas venu à sa rescousse.
Si seulement les pacificateurs n'avaient pas balancé cet explosif aussi près d'eux.
Si seulement ils n'avaient pas rendu son frère aveugle.

La culpabilité. Voilà un sentiment qui lui était jusqu'alors inconnu. Elle la rongeait, de plus en plus, et ce, chaque jour. Alec était aveugle, et c'était entièrement sa faute.
La guerre ne dura pas longtemps. Une bonne bombe en plein milieu du district treize, et la question était réglée ! Voilà qu'ils se retrouvaient encore plus démunis qu'auparavant, bien plus pauvres et malades. Mais le coup fatal fut certainement la promulgation des Hunger Games. Des barbares, voilà ce qu'ils étaient. Des barbares, fous à lier.
Dès la fin de la guerre les choses se calmèrent et petit à petit, les habitants du district sept s'appliquèrent à reconstruire ce qui avait été détruit. Mais leurs coeurs eux, étaient bien brisés. Joan prit soin de son frère, toujours aussi proche de lui, mais tellement dévastée en voyant chaque jour le résultat de sa propre bêtise. Au Capitole, Alec aurait été soigné. On lui aurait rendu la vue en un rien de temps ! Mais ici, dans le district sept, même avec le statut de Maire, l'opération pour lui redonner la vue coûtait bien trop cher. Définissant la cause comme perdue, Circeï classa l'affaire, préférant dépenser son argent à des choses "plus utiles". Et sont père, comme à son habitude, se rangea à l'avis de sa femme sans coeur.
Voilà un an maintenant que Joan laisse ses études de côté pour travailler et mettre de l'argent de côté pour son frère. Tout est bon pour recevoir le moindre centime. Si la chose ne fut pas simple, elle réussit finalement à trouver un emploi. Embaucher la fille du Maire, qui vit dans une situation bien supérieure à la majorité des habitants, c'était inconcevable. C'est qu'on ne l'aimait pas trop, Joan, avec son regard pénétrant et ses lèvres toujours closes. Pourtant le patron du restaurant du coin l'accepta, lui. Elle serait serveuse, et gagnerait tout juste de quoi se payer des pommes de terre. Et encore. Mais qu'importe, un emploi est un emploi, et cela convenait parfaitement à la jeune femme. La rumeur fit vite le tour des maisons, jusqu'à parvenir aux oreilles de sa famille. Sa mère était hors d'elle. Une jeune fille "de son rang" ne devait pas arrêter ses études, et certainement pas pour faire serveuse. Qu'importe, ses paroles furent du vent face à la détermination de Joan. Elle gagnerait sa vie et avec sa paye, un jour, elle offrirait de nouveaux yeux à son frère.
Aujourd'hui, personne ne sait pourquoi elle s'entête à travailler ainsi, mais tous ont laissé tomber l'affaire. De toute évidence, Joan est un phénomène qu'on ne peut dompter.

Ce que je pense de la révolte des Jours Sombres : Ce fut une période qui toucha énormément Joan, et qui mit définitivement fin à son enfance. Elle a été très marquée par la violence des attaques, notamment à cause de l'accident de son frère et de la perte de nombreux proches. Suite aux Jours Sombres elle est devenue plus mature, plus responsable, mais plus froide et renfermée aussi.
Ce que je pense de notre époque, de Panem et du Capitole: Intérieurement, Joan voue une haine inconsidérée au Capitole. Elle les hait pour ce qu'ils ont fait de Panem, de leurs habitants. Elle hait le Capitole qu'elle peut admirer tous les jours à la télé, leur manières et leur inconscience. Elle les déteste pour la précarité dans laquelle ils les forcent à vivre. Pourtant elle se tait, faisant la petite fille sage du Maire, dans le seul but de s'accorder leur bienveillance afin que le moment venu, ils acceptent l'opération de son frère.
Ce que je pense des Hunger Games: Joan est totalement outrée face aux Hunger Games. Ces futurs jeux l’écœurent déjà d'avance, tellement elle les trouve cruels et inhumains. Ils lui font peur, aussi, parce qu'elle sait pertinemment que son frère ou même elle pourraient être moissonnés et envoyés à l’échafaud.