Pa va passer à l'échafaud le mois prochain. Ma, dans un an.
Moi, j'ai encore deux ans.
Je n'y croyais pas, au début. Peut-être parce qu'ils n'ont pas voulu m'emprisonner, comme s'ils savaient déjà que je n'avais nulle part où aller. Ou peut-être qu'ils ne savent tout simplement pas quoi faire avec une gamine de mon âge, pour le moment. "Aucun centre de redressement pour mineurs ne lui conviennent", a dit la vieille dame à l'air revêche et au chignon trop serré. Je n'ai pas vraiment compris ce qu'elle voulait dire par-là, mais son employeur avait l'air approbateur, alors ils ont tout simplement signé un formulaire pour m'envoyer à un foyer communal pas trop cher. Quoi de mieux pour me faire comprendre que je serai bientôt orpheline que de me placer au milieu d'une centaine d'entre eux ? Il me faut admirer l'initiative, quand même. La plupart des officiels se seraient contentés de nous faire pendre le jour-même, mais nous avions eu la chance de tomber sur un Jeudi, et le Jeudi il n'y avait pas d'exécution cette semaine-là. C'était à la fois inquiétant - nous étions si peu considérés qu'une journée de congé était plus importante - et rassurant, Ma m'ayant rappelé de rire de la situation plutôt de m'en plaindre. Et nous en avons ri. Avant qu'ils ne l'escortent jusque dans sa cellule, et que la seule pensée qui ne me reste soit :
Tout ça pour rien.Parce que nous allons mourir. Notre fuite un jour à peine avant les violents bombardements qui ont détruit notre district natal, nos sacrifices pour essayer de s'intégrer à des coutumes qui ne nous ressemblaient pas, l'abandon de toute une vie derrière ; tout ça s'est effacé quand les hommes en blanc on défoncé notre porte. Nous n'avions rien des rebelles qu'ils nous soupçonnaient d'être, et nous avions bien caché nos idéaux borderline. Je crois qu'ils ont tout simplement découvert d'où nous venions, parce que nous n'avons pas été assez subtils, et qu'ils ont préféré ne pas jouer avec le feu. Mais en même temps, est-ce que je peux les blâmer ? Certains ont perdu des gens, tout comme moi. Ils n'ont pas tous l'air méchants. Mais au fond de mon cœur, je me rends compte que ça m'importe peu ; eux n'étaient pas sur une petite colline sur la plage du Six quand ils ont vu leur maison sous un champignon nucléaire. Ils n'ont
pas le droit de se plaindre.
La seule chose qu'il faut, c'est que je sois là quand ils viennent vérifier que je ne me suis pas enfuie dans les bois, vers 17h chaque après-midi. Au début, ça me surprenait qu'ils me laissent aussi libre, mais aujourd'hui, je me dis que c'est parce que je ne suis certainement pas la seule réfugiée.
Ils doivent en tuer à la pelle.
Mais quelque chose est arrivé, quelque chose qui a tout changé. Les
Hunger Games. Quand ils ont annoncé l'événement, j'ai lâché un petit rire arrogant ; encore une autre action qui les menait lentement à leur perte - je refusais tout simplement l'idée que la cause du Treize était définitivement morte. Puis, une sorte de petite lumière a scintillé dans mon cerveau. Quelque chose qui m'a fait sourire.
Je vais m'entraîner jour et nuit, derrière leur dos. Être toujours à 17h dans ma chambre, pour qu'ils ne soupçonnent rien.Et me porter volontaire pour ce combat sanglant.
L'Enfer m'attend déjà. Je suis condamnée à mort depuis le début. Mais quoi de mieux comme vengeance que de m'immiscer dans leur compétition ? Voire de gagner et de devoir crever juste après, les laissant sans premier vainqueur ?
Que les Jeux commencent.
Ce que je pense de la révolte des Jours Sombres : Qu'elle n'est pas terminée tant que nous vivons encore.
Ce que je pense de notre époque, de Panem et du Capitole: Une belle époque de psychopathes.
Ce que je pense des Hunger Games: Une belle idée de psychopathes.