Bon, je ne sais absolument pas jouer de la guitare mais il n'y a pas mieux comme introduction d'une histoire au coin du feu alors mes fausses notes vont hanter votre imagination le temps de vous conter les 17 années régissant ma vie. Cette histoire mélangeant la légèreté, la tragédie, la violence et l'amour est un bon départ pour faire ma connaissance, me cerner un peu mieux et comprendre la personne que je suis devenue. Donc on pose nos fesses sur le tronc d'arbre et on écoute ma musique littéraire massacrant les classiques de la country ! Je commence.

Sur une enfance des plus enviables il faut bien l'avouer. Même si le district dix n'est pas réputé pour ses incroyables richesses si ce n'est nos magnifiques relents de fumiers et l'attrait touristique de nos abattoirs. Dans cet atypique paysage rural, le ranch de Drake Lulinoos est une entreprise on ne peut plus prospère spécialisée dans l’élevage de chevaux. S'il ne roule pas sur l'or, les rentes du ranch permettent tout de même d'éviter la pauvreté et de mener une vie aisée avec des clients aussi prestigieux que le capitole ou les hauts dignitaires du district. Drake Lulinoos s'est marié par un beau jour d'automne à Lucille Cavana et de leur union naquit une jeune fille formidable, c'est de moi que je parle évidemment. Moi, Cano Luana Lulinoos pour vous servir ! Pas le prénom le plus courant de Panem, je le concède mais je suis née avec alors je l'ai adopté. Je ne suis peut-être pas aussi formidable non plus mais comme c'est mon histoire, je l'embellie à ma convenance. Mais je vous rassure, même si le tableau est enchanteur, tout n'est pas si parfait quand on se penche sur les détails de la toile. A commencer par les relations que nous entretenons avec le ranch voisin, les Craignos, enfin les Joalos mais c'est tout comme. Ces idiots n'ont rien trouvé de mieux que d'être nos concurrents directs en plus de nous balancer leurs immondes arômes de purin et de gâcher le paysage de leur présence bedonnantes et oppressive. D'accord, je les déteste, en particulier Dirae Joalos, leur fils de mon âge. Un crétin fini digne représentant de ce que je peux nommer l'ennemie de toute une vie ! Rivalité, querelles d'enfants et mésentente des parents, rien d'extraordinaire surtout que notre ranch est bien plus réputé que le leur et ça, les Joalos ne l'ont jamais digéré !

Vient ensuite le début d'une période plus noire de Panem. Le Capitole étend de plus en plus son emprise sur sa périphérie et tout doucement le vent gronde au sein des districts. Si le ranch n'est pas trop affecté par les réformes, ce n'est pas le cas de la région et déjà des voix se soulèvent contre le pouvoir en place. De mon point de vue, j'étais à l'adolescence et pour être franche, ne m’intéressait pas plus que cela à l'actualité pourtant elle me rattrapait quand des mômes de mon âge, emmené par Dirae commencèrent à voir d'un mauvais œil mon aisance comparée à la misère de leur vie. Mon père lui en était assez indifférent, tant que les affaires marchent, inutile de s'en inquiéter. Seulement la contestation laissa peu à peu place à la manifestation et de là, il n'en fallait pas plus pour que la révolution sonne le début des hostilités entre le capitole et les districts opprimés. Plus question de rester neutre à présent. Quoique le choix de s'impliquer dans la lutte fut guidé par la destruction du ranch lors d'un bombardement des forces du Capitole. Je dis ça un peu blasée  pour la peine mais même si nous avons survécu, mon père fut gravement blessé et l'entreprise ruinée. Grave qu'on en avait les nerfs ! Ma mère s'engagea corps et âme dans la cause rebelle et moi dans tout ça ? Trop content de notre malheur, les Joalos ont enterré la hache de guerre et m'ont recueilli le temps que mon père se remette. Une opportunité en or pour Dirae; devenue une brute épaisse mono neurale de m'en faire baver comme jamais. C'est simple, je suis devenue la parfaite petite soubrette des personnes que je hais plus encore que le président.

La fin des Jours Sombres et la victoire écrasante du Capitole sur les districts fut accueillis par une nouvelle bien plus grave encore, l'annonce de la mort de ma mère durant l'assaut des rebelles, la décimation je devrais dire. Je pense avoir pleuré pour une bonne décennie tellement les larmes s'écoulaient le long de mes joues. Pourtant la vie continuait et je me devais de relever la tête et d'aller de l'avant. Comment ? En enfonçant bien profondément mon poing dans la face de Dirae pour commencer, je me suis cassée un doigt mais ce n'est rien comparée à son nez ensanglanté et à ses dents tombées. Il a beau être d'un physique plus impressionnant que le mien, jamais il ne se serait attendu à rencontrer mon poing un jour. J'ai enchainé par un bon coup de pied dans ce qui lui sert de bijoux de famille et plus jamais je ne suis retournée chez les Joalos. Au contraire de mon père, une fois remis, trouva embauche dans leur Ranch pour un salaire de misère et une humiliation quotidienne mais avec une fille à charge, il se devait de ravaler sa fierté et de continuer à vivre, la mort dans l'âme mais par amour pour moi.

Pour ma part, fini les beaux habits et l'école. Le district envahit par les pacificateurs et maintenant saigné à sec dans ses ressources par le Capitole. Si la paix est revenue dans Panem, seuls les vainqueurs sont ne mesure d'en profiter. Et abuser de leurs pouvoirs, ça je vous le garantit ils en profitent ! Tortures publiques, arrestations en masse et exécutions, ils n'y vont pas de mains mortes. Si le but est d'asservir la population, mon caractère à moi, lui commence à bien s'affirmer entre un esprit rebelle et le moral en berne, il n'allait pas falloir longtemps pour que cela me crée des problèmes. Par chance, Camilka Devos, une amie de ma mère, vint comme une bouée de sauvetage en me proposant un petit boulot m'éloignant du climat morose de la ville. Gardienne d'un troupeau de mouton de son élevage, le job de mes rêves ! Je plaisante. Mais au final, c'est dans le calme des plaines dévastées par la guerre que je vais retrouver un brin de sérénité. Au moins les moutons sont de plus agréables compagnie que les Joalos et ils rient à mon humour douteux, du moins je me l'imagine. Disons que seule dans les plaines désolées durant de longues semaines, je ne suis pas devenue folle, loin de là, mais j'ai développé des traits mêlant un peu de cynisme et de pessimisme. De mes retour en ville, je n'en retiens qu'un affut croissant de pacificateurs tous plus pervers et violents que les précédent, à croire que la lie de l'humanité ne se ligue dans le costume blanc. Ils répriment, terrorisent et abuse de la population en toute impunité, je le sais pour être bien placée contre la potence le jour où j'ai bénéficié d'une dizaine de coups de fouet pour m'apprendre la discipline. Motif officiel : rébellion contre un agent du capitole. Officieusement, une gifle mémorable dans la face du pacificateur Gartz en réponse à sa main sur mes fesses. Non ce n'est pas une réaction excessive, je tiens à l'hygiène de mes fesses ! Maintenant, j'en ai les marques sur le dos, crétin de pacificateurs ! Je les déteste !

Cela aurait pu en rester là si mon inimitée avec Gartz n'était pas parvenue aux oreilles de Dirae Joalos. Soucieux de se venger pour les quelques dents en moins sur son joli visage qui faute, de moyens et de dentistes compétents dans le district, risque de le défigurer à vie. Cela complète bien son air stupide mais c'est mon avis personnel. En tout cas, comme moi, il a la rancune tenace et la déception d'avoir loupé mes coups de fouet sur la grand-place lui donne l'envie d'en voir plus. Comment ? Une rumeur parvenant aux oreilles de Gartz, la jeune Lulinoos est une rebelle comme sa mère et est bien décidée à saboter la livraison du bétail destinée au Capitole prévue le lendemain. Un tissu de mensonges agrémenté d'un sabotage des enclos durant mon service permettant à toutes les bêtes de mettre les voiles et de témoins imaginaires ayant vu une jeune fille me ressemblant comme deux gouttes d'eaux sur les lieux entrain de libérer les animaux. Évidemment, des pinces coupantes furent retrouvées dans mes affaires et au vue de la rapidité avec laquelle les pacificateurs sont arrivés sur les lieux, tout laisse à croire au coup monté. Je ne proteste même pas en voyant le sourire sadique de Gartz venant m’arrêter. Ses subalternes furent chargés peu avant de récupérer les moutons alors qu'un jeunot reçu comme consigne d'empêcher quiconque d'entrer dans la grange ou je suis retenue. Gartz avait bu, énormément bu...

Et au fur et à mesure qu'il se rapprochait, je su que ma vie était à un nouveau tournant. Ce porc n'était pas venu dans l'idée de simplement m’arrêter en vue d'un nouveau lynchage publique voir d'une exécution au vue de la gravité des faits de cette mascarade. Non, le regard lubrique de ce pervers démontrait bien qu'il souhaitait profiter de mon corps, j'en eu la confirmation quand cet enfoiré c'est jeter sur moi. Il puait l'alcool et la sueur je m'en souviens, son poids m'écrasant littéralement alors que je me débattais. Il me promit que si je me laissais faire, il fermerait les yeux sur ma soi-disant trahison mais je ne suis pas ce genre de fille là. Mon ongle s'enfonçant dans son œil, il pouvait aller se faire foutre ! Par réflexe, le soldat m'envoya valdingué de l'autre côté de la pièce, j'en percute violemment le mur, le voyant sortir son arme juste avant de chanceler, j'entends juste la détonation avant de sombrer dans l'inconscience.

Quelques minutes plus tard, je reprenais mes esprits, vivante de plus et sur le coup, j'ai trouvé cela surprenant, tout comme de voir ma plaie au visage suite à la rencontre violente de mon crâne contre le mur de la grange, soignée dans un bandage. Mieux encore, c'est le corps inerte de Gartz qui me fit revenir sur Terre. J'ai juste un peu de mal à comprendre comment l'homme tenant le fusil s'est trompé de cible au point de le prendre lui-même pour moi. Je lui ai bien amoché l’œil, certes, mais tout de même, physiquement parlant c'est impossible même pour un aveugle de nous confondre ! Surtout quand c'est lui-même qui avait le doigt sur la gâchette ! J'avoue que sur le moment et malgré ma vivacité d'esprit, la situation m'échappait quelque peu. La réponse me tira de mon hébétude sous la forme d'une jeune pacificateur me demandant si j'allais bien. Ma réaction fut aussi logique qu'idiote, me jetant sur son ceinturon pour me saisir de son arme, je ne mis pas longtemps avant de le descendre et de m'enfuir ! Non, ça c'est la version que j'aurais dû donner pour avoir l'air d'une bad girl digne d'une mauvaise sitcom. J’hésitai à tirer alors qu'il levait calmement les mains. Plus vieux que moi, assez mignon et calme au vue de la situation, je fus assez clémente de lui demander un truc du genre " bordel que ce passe-t-il ici ! ". La réponse est simple, ce pacificateur m'a sauvé la vie en trucidant Gartz. Ça, c'est sympa ! De plus il me propose bien gentiment de lui mettre un bon pain dans la gueule histoire que ses potes le retrouve inconscient et qu'il brode une histoire que des rebelles sont revenu sur les lieux, les prenant par surprises et qu'au final, la gardienne n'étais pas impliqué dans l'affaire. Punaise, ce type est un génie ! Enfin, du moins, cela m'arrange comme scénario, je ne vais pas cracher dans la soupe mais le pourquoi me taraudait tout de même l'esprit. Car je suis innocente dans cette histoire, le pacificateur, s'étant au passage présenter sous le nom de Wadey est jeune mais idéaliste, cela faisait un moment qu'il ne supportait plus les excès de son supérieur et le voyant sur le point de m'abattre, il ne put laisser faire cela sans réagir. Il s'est engager pour faire régner l'ordre et défendre les valeurs du Capitole, pas pour assister aux bavures de ses supérieurs, s'excusant presque du comportement de Gartz auprès de moi. Gartz, justement, gisant au sol certes, mais pas suffisamment mort que pour fébrilement diriger son arme vers Wadey, l'insultant au passage de traitre. Une nouvelle détonation est cette fois des bouts de cervelles se répandent dans la pièce. Une dernière fois, Gartz fut trop lent et c'est moi qui pressai la détente la première. Je l'ai tué cet enfoiré. C'est incroyable, je déteste les pacificateurs et j'ai pris du plaisir à en tuer un mais dans le but d'en sauver un autre. Wadey souffle, il n'est pas passé loin de rencontrer la faucheuse à son tour. Du coup, je m'excuse presque en lui tirant dans le bide, un tir non mortel mais qui devrait rendre plus crédible son mensonge pour me sauver, si bien sûr il me pardonne cet imprévue.

Depuis cette terrible nuit, j'ai changé, en mieux. Essayant de m'attirer le moins de problèmes possible auprès des pacificateurs, le mensonge de Wadey m'ayant mis hors de cause et il partage le secret de la mort de Gartz avec moi. Je lui ai bien envoyé des fleurs avec un petit mot d'excuse lors de son séjour à l’hôpital mais nous ne nous sommes plus adressé la parole depuis. Un pacificateur idéaliste et une gardienne de troupeaux rebelle, tout nous sépare et pourtant, quelque chose nous unis. Mes regards quand je le croise sont fuyant, je n'ose l'aborder pourtant je ne peux m’empêcher de l'observer en coin de l’œil. Je lui souris et parfois l'évite, cette relation devenant ambiguë. Est-ce de la reconnaissance pour m'avoir sauvé la vie ou pire, est-ce que je tomberais amoureuse d'un pacificateur...

Cela restera une question en suspens ! Car la situation jusqu'à maintenant n'a plus évolué, je suis toujours cette gardienne de troupeau que vous adorez tous et comme le feu s'éteint peu à peu, je vais vous souhaitez une bonne nuit et à très vite pour suivre mes aventures !

Ce que je pense de la révolte des Jours Sombres : Sincèrement ? C'est l'une des périodes les plus noires de ma vie. Je ne me sentais pas vraiment concernée par la révolte avant que celle-ci ne détruise le ranch familial, bouleversant la vie de ma famille par la même occasion. Mon père fut blessé et ma mère rejoignit la rébellion dans son combat contre le Capitole. Durant ce temps, je fus recueillis dans la famille de mon pire rival de jeunesse et j'en ai bien bavé durant la révolte. A l'aube des jours Sombres, j'ai appris le décès de ma mère au combat ce qui me dévasta totalement. Les Jours Sombres amenèrent bien des ennuis dans le district et encore aujourd'hui il est dur de s'en accommoder. J'ai tué un homme et si cela devait être à refaire, je le referais sans hésiter !

Ce que je pense de notre époque, de Panem et du Capitole: A vrai dire, j'ai du mal à me prononcer sur ma vision du monde. Évidemment, je ne trouve pas cela normal de devoir vivre dans la misère alors que le Capitole profite de sa victoire sur les districts pour étendre son influence et faire régner son autorité par la peur. D'un autre côté, un pacificateur idéaliste m'a récemment sauvé la vie et inconsciemment, je me pose la question de savoir où il trouve la force de défendre les valeurs de Panem tout en faisant régner la justice. Quelque chose m'échappe mais j’essaie au moins de comprendre les points de vue du Capitole sans pour autant les approuver.

Ce que je pense des Hunger Games: Je n'y crois tout simplement pas. Ou je ne veux simplement pas y croire. Forcer des gens à s'entretuer sous le regard du monde entier dans le seul but de divertir le président. C'est moi ou je suis la seule à y voir l'idée la plus absurde depuis que l'homme existe ? Personne ne marchera dans un tel concept, il faudrait être fou !