Certaines histoires prennent des tournures étranges. Dans le district 2, les Samhain étaient une famille des plus normales, même si modeste, le couple Samhain travaillait activement dans la charpenterie. Les conditions de travail étaient éprouvantes pour un salaire qui leur suffisait à peine à les faire vivre eux et leur jeune bambin. Phox n'était peut-être pas née dans une famille qui roulait sur l'or mais au moins elle était soudée, et ses parents lui transmirent des valeurs chères à leurs yeux, telle que l'intégrité ou même le mérite du travail bien fait. L'amour qu'ils portèrent à leur fils était à l'épreuve de tout. Durant toute son enfance, il grandit avec le désir profond de changer la condition de sa famille. Leur montrer à quel point il était méritant, qu'il pouvait soulever des montagnes pour eux. A l'école, il était un garçon exemplaire, toujours motivé, à l'écoute, essayant de se faire une place parmi les meilleurs. On lui avait toujours dit que l'école était le meilleur tremplin possible dans la société. Ceux qui se trouvaient au-dessus de la mêlée étaient toujours, ou du moins souvent, repérés. Ce qui fut finalement le cas. Non-taillé pour la bureaucratie ou la politique, il s'engagea d'une seule âme dans l'armée des Pacificateurs. Il admirait le travail de ces hommes qui maintenant l'ordre à Panem, aidant les gens et faisant respecter la Loi. Et encore une fois, il se donna les moyens d'exceller. Meilleur de sa formation, sportif, volontaire, attentif, donnant de sa personne, les Pacificateurs ne pouvaient rêver meilleure recrue. Il fit rapidement ses preuves dans les rangs et monta petit à petit les échelons, faisant la grande fierté de ses parents, les sortant de leur vie modeste pour leurs dernières années de vie. Il le leur devait.

Pourtant le beau temps ne dure jamais longtemps, et Phox l'expérimenta de façon assez amère. La gronde augmentait dans les districts, en même temps, aux vues des conditions de vie, ce n'était guère étonnant. Tout se bousculait, les premières manifestations et revendications prirent place dans le sang. Comment en étaient-ils arrivés là ? Pourquoi ? Pour qui ? Ces premiers jours contre la population furent extrêmement difficiles pour le jeune Pacificateur. Il ne comprenait pas pourquoi leur président leur ordonnait de répondre coup pour coup et de se battre contre leurs propres concitoyens. Fidèle, les premiers jours, il obéit passivement. Se rendant dans les districts qui posaient le plus de problèmes, ses pas le menèrent jusqu'au district 12. Les manifestations se faisaient de plus en plus violentes et les combats de rues entre pacificateurs et gens du peuple, courants. Armé de son teaser et de sa matraque, Phox avait de plus en plus la sensation de trahir ses idéaux. Ces gens étaient dans une misère sans nom et leur colère était finalement légitime. Mais il n'eut pas davantage le loisir d'y réfléchir, qu'une pioche de mineur se ficha dans son abdomen. La suite des événements fut très floue dans son esprit. Il ne se souvient que d'une jeune femme penchée au dessus de lui et une voix qui semblait venir d'un autre monde. Quelques jours plus tard, il se réveilla dans un centre infirmer des Pacificateurs dans le district 2. On lui raconta alors qu'une infirmière du district 12 lui avait sauvé la vie. Et il n'avait pu la remercier. Cette dette de vie resta encrée en lui, comme une promesse. Un jour il irait la remercier et ferait tout pour lui rendre la pareille.
Les jours sombres continuaient inexorablement. Et les massacres devenaient de plus en plus insupportables. Phox rechignait de plus en plus à exécuter les ordres de ses supérieurs, ce qui avait le don de les faire fulminer et de se mettre à douter de la loyauté du jeune homme. Le point de non-retour fut atteint, quand sa patrouille de Pacificateurs attrapa un gamin qui s'amusait à mettre le feu aux locaux de leur armée. Son supérieur attrapa le gamin et le traina jusqu'à sa famille. Ce fut à ce moment-là que l'ordre tomba, comme un couperet : « Éliminez-les. Tous. Pour l'exemple. Personne ne doit menacer le bon équilibre de Panem. Phox, c'est un ordre ! ». La famille se trouvait piégée dans un coin de leur salon, tremblant tous de peur, une terreur sans nom suintait de leurs regards. S'en fut trop pour le jeune Pacificateur : « Allez vous faire foutre. Sergent. ». Cette réponse eut le don de surprendre le-dit Sergent qui écarquilla les yeux de surprise. Il eut un petit rire nerveux avant de descendre froidement en quelques tirs d'arme à feu à bout portant la famille. Cette image, ce moment resta gravé à jamais dans l'esprit de Phox. Ces corps sans vie, se vidant de leur sang, un dernier râle sortant de la bouche du gamin et le regard vide de la jeune mère qui le fixait. A jamais.

La suite ne fut pas très folichonne. Après cet acte d'insubordination, le jeune homme déposa les armes et quitta les Pacificateurs. Aux yeux de ses anciens "frères d'armes" il n'était plus qu'un traitre, un paria. Il n'avait plus d'avenir, ce fut donc avec une immense colère qu'il s'enfuit au district 4, là où les révoltes avaient débuté. Là-bas, un ancien Pacificateur désavoué, rebelle, était la bienvenue et il fit tout son possible pour être le plus utile possible à la population. Trouvant du boulot au port, entant que Docker, il vidait et remplissait les bateaux à longueur de journée. Au moins, il était utile et les gens ne le regardaient pas d'un mauvais oeil. Néanmoins, cette image de cette famille décimée le rattrapait une fois les yeux fermés. Les massacres, les cris de douleurs, de terreur, le sortaient de son sommeil toujours en sueur. Il ne pouvait pas vivre avec cela, et la seule chose qu'il trouva pour oublier fut l'alcool. Et oui, il en était désormais réduit à celui : écumer les bars et les supérettes le soir et siroter ce qui lui faisait oublier sa condition misérable. Il n'était plus rien qu'un homme trainant ses vieux démons. Il aurait dû rester fiché dans cette foutue pioche. Mais il y avait bien une chose qui le faisait tenir, mieux que l'alcool, mieux que tout.

Un regard. Unique, brillant, intriguant. Tout au long de la journée, il essaye de le capter, là-haut, du haut de son phare. Des histoires circulent sur la personne qui a repris ce vieux phare, toutes plus loufoques les une que les autres et Phox n'y prête vraiment pas attention. Dans son esprit, il se l'imagine. Au fond, il sait qu'il n'a pas à la craindre, bien au contraire, ça le réconforte que se soit elle qui s'occupe de ce vieil endroit. Qui apporte autant de lumière que peut le faire son habitation. Et après l'avoir vu dans la foule du marché, après avoir prit conscience qu'elle n'était pas une image réconfortante issue de son imagination, il s'instaura un seul et unique but : entrer dans ce phare. Pour y faire quoi exactement ? La rencontrer, lui parler, faire en sorte de se rendre compte qu'il n'est pas la seule âme perdue en ce monde ...


Ce que je pense de la révolte des Jours Sombres : Ce que j'en pense ? Vous êtes sérieux ? Après tout ce que vous venez de lire, vous ne vous doutez pas un petit peu de mon avis sur la question ? Bon, d'accord. Je ne sais pas si tant de violence était nécessaire, je suis juste sûr que le président a totalement pété les plombs et que les Pacificateurs ont totalement oublié leurs valeurs. Après être allé dans ces districts, j'y ai vu la misère de ces gens. Finalement, la révolte était inévitable. Ou alors, il aurait fallu écouter ce que ces gens avaient à dire ou souhaitaient. Je sais que les choses ne sont pas si simples, mais quand on voit le résultat, je n'ai qu'un goût amer et un profond sentiment de gâchis dans la bouche.

Ce que je pense de notre époque, de Panem et du Capitole: L'existence de Panem est une nécessité. Pour la survie de notre espèce, la survie des hommes. Tout était à sa place et organisé, mais la Capitole en demandait toujours plus. Et quand on voit et connait le faste de ces gens, on peut légitimement se poser des questions. Notre système est-il le bon ? Je le pense sincèrement mais seulement si les droits des gens et leurs besoins sont respectés. Ce qui n'est malheureusement plus le cas depuis plusieurs années, j'en ai bien peur ...

Ce que je pense des Hunger Games: Une grosse erreur du Capitole. Je comprend le principe, tenir une population par la peur. Mais arracher des gens à leurs vies et leurs familles ne fera qu'entretenir la rancœur et la colère qui rejaillira à nouveau un jour. Mais sinon, si nous ne pouvons avoir d'autres solutions pour maintenir un semblant de paix, alors soit. Laissons des gens s'entre-tuer pour le plaisir du Capitole. Et si mon nom sort un jour de ce bocal, je peux vous l'assurer qu'ils en auront pour leur argent.